Généralités historiques
Riedwihr qui apparaît en 1279 sous la dénomination « Rietwilr » a appartenu aux Habsbourg puis, à partir des traités de Westphalie, à la couronne de France. Des biens y appartenaient aux seigneurs de Horbourg, à l’abbaye de Pairis et à plusieurs couvent dont celui d’Unterlinden.
De 1478 à 1709, le village fut tenu en fief par la famille de Ruest, ensuite jusqu’à la Révolution par les Klinglin.
L’église est dédiée à Sainte-Marguerite : elle a été construite en 1864 et le clocher date de 1882.
La seconde guerre mondiale a engendré d’importants dégâts dans le village. La population était donc contrainte de se réfugier dans les bunkers à l’entrée du village qui sont toujours visibles.
Si le village est resté fidèle à sa vocation paysanne et notamment à la culture du chou, la situation économique de ces dernières années a fortement contribué à la diminution du nombre d’exploitations et parallèlement à l’augmentation du nombre des professions salariées diverses.
L’évolution du nom de Riedwihr au cours du temps (synonymes) : Ried, Riedweier, Riedweir, Riedweyhr, Riedweyr, Riedwir, Riedwyr, Riehtwir, Riethweir, Riethweyr, Riethwihr, Riethwir, Riethwyr, Riettvir, Riettwir, Rietweihr, Rietweir, Rietweyr, Rietwyr
Taillé au 1er de sinople au chou d’argent, au 2e d’argent au crochet double en forme de S de sable posé en barre
Création d’armoiries en 1971. Le crochet double que fabriquaient les forgerons pour la réparation des chaines est l’ancien emblême de Riedwihr que la grande-maîtrise chargée de l’établissement de l’Armoirial général avait pris pour la lettre majuscule S.
La culture du chou a valu aux habitants du village le sobriquet de « Krutskopf » (têtes de chou »).
Antoine Meyer est né à Riedwihr en 1898. Pendant la guerre 1914-1918, étant alsacien, il a été incorporé comme soldat allemand. Ordonné prêtre en 1924 et devenu religieux chez les capucins, successivement à Siegolsheim et à Koenigshoffen, près de Strasbourg, il est envoyé en 1936 dans le couvent de Bitche en Moselle.
En août 1939, les autorités militaires de Bitche, ayant constaté sa forte personnalité, lui confient la direction du train spécial évacuant près de 500 malades des hôpitaux de Bitche et de Sarreguemines vers la Charente, plus précisément à Cognac.
Revenu comme la plupart des Lorrains en octobre 1940, il retrouve son couvent et ses activités de prédication dans les paroisses du Bitscherland. Pour peu de temps ! En effet, le dimanche 13 juin 1941, à la fin de la messe conventuelle, la Gestapo vient signifier aux religieux capucins leur expulsion du Reich comme cela a été fait pour d’autres congrégations religieuses jugées indésirables aux yeux des nazis. Si ses confrères choisissent d’aller soit à Besançon, soit à Annecy, soit en Corse, Antoine Meyer préfère, quant à lui, rejoindre la Charente pour y retrouver certains de
ses paroissiens qui y sont restés. Il se trouve aussi qu’à Cognac, il y a une petite communauté de capucins au couvent Saint-Antoine. Devenu l’aumônier des réfugiés, il se déplace en vélo pour rejoindre ses amis lorrains, célébrer des messes, des mariages, des baptêmes et des enterrements. Régulièrement, un dimanche par mois, il réunit les Lorrains à l’abbaye de Bassac où, après la messe, tous se retrouvent pour partager les victuailles apportées pour déjeuner ensemble, parler en dialecte et échanger des nouvelles des uns et des autres. Parlant très bien l’allemand, il n’hésite pas, à l’occasion, à braver voire à narguer les autorités militaires allemandes, fort de son passé d’ancien Lanzer… En relation avec des secrétaires lorrains dans les mairies de Jarnac et de Segonzac, il se met à fabriquer de fausses cartes d’identité, en particulier pour les Mosellans risquant d’être réquisitionnés comme soldats pour l’armée allemande ou réfugiés en Charente comme déserteurs.
Malheureusement, trop sûr de lui et ne prenant pas assez de précautions, il finit par être arrêté le 28 décembre 1943. Incarcéré à la prison Saint-Roch à Angoulême, il avoue avoir agi seul. L’interrogatoire a prouvé qu’il était en possession de cinq fausses cartes d’identité au moment de son arrestation. Mais les perquisitions faites au couvent Saint-Antoine, à Cognac, n’ont pas permis de retrouver le fameux Stempel, le tampon avec l’aigle à croix gammée.
Le 7 avril 1944, il est transféré à la prison de Poitiers où il a été probablement torturé, continuant malgré tout à prétendre avoir toujours agi seul. Le 29 mai 1944, il est envoyé à Compiègne, un sinistre camp de rassemblement, avant le départ en Allemagne. Derrière les barbelés, il fait la connaissance de M. Pérès, ancien garde-forestier de Sturzelbronn (il sera maire de cette commune après la guerre). C’est par lui que l’on connaît la fin du père Augustin car ils ont été déportés ensemble au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg.
Le 6 avril 1945, Wattenstedt fut évacué devant l’avanceée américaine. Le Père Augustin, déjà très affaibli, dut endurer le voyage en wagons découverts. Un soir, dans une gare inconnue, il mourut piétiné sous les sandales de bois de ses codétenus russes, excités à la vue de leur maigre pitance, des choux-raves crus. Lors d’un arrêt en pleine campagne, entre Wittenberg et Hagenow, il fut enterré le 8 avril 1945 avec d’autres morts en bordure de la voie ferrée. « Si je ne devais plus revenir, surtout que personne ne me venge » (sa toute dernière lettre du 3 juin 1944).
Une rue à Cognac porte le nom de Père Augustin (1898-1944) résistant.